mardi 23 octobre 2012

[Test] Majin and the Forsaken Kingdom

Majin and the Forsaken Kingdom fait partie de ces jeux peu connus dont la sortie a été injustement discrète. A mi-chemin entre un Legend of Zelda : Twilight Princess et Ico, il s'agit pourtant là d'un titre qui possède de nombreux atouts et mérite de faire un peu parler de lui. Revenons sur l'aventure de deux héros pas comme les autres.


  • Entrer dans le conte

Majin and the Forsaken Kingdom nous met dans la peau d'un héros sans nom, un jeune voleur ayant le don de parler avec les animaux, abandonné à la naissance et ayant été élevé dans la forêt par ces derniers. Alors que le monde est envahi par d'immondes créatures issues des ténèbres, nos petits compagnons des bois nous informent de la présence d'une entité gardienne capable de vaincre ce mal, enfermée au fond d'un château. C'est ici que commence l'aventure, tandis que notre héros va libérer de ses chaînes la créature qui l'accompagnera tout au long de son périple afin de sauver son pays : le Majin. Cependant, ce dernier a été dépossédé de la totalité de ses pouvoirs lorsqu'il a été capturé par les ombres. Les deux protagonistes vont alors devoir collaborer afin de restaurer la puissance du Majin et mener à bien leur quête.
La rencontre avec le Majin est le premier moment fort du jeu, qui donne également le ton de toute l'aventure. Le design de ce dernier est très particulier, et on aura tôt fait de s'attacher à l'étrange créature qui, malgré un vocabulaire assez peu fourni, montre bien vite toute la gentillesse qui émane de lui. L'univers dans lequel on évolue est lui aussi enchanteur. Si techniquement le jeu montre quelques faiblesses, le design et la palette de couleurs des environnements nous emportent au coeur d'un conte féérique. L'ambiance globale du titre est une vraie réussite, servie par une superbe OST variant entre musiques d'ambiance apaisantes lors des phases d'exploration et thèmes épiques lors des affrontements. Les doublages en VF sont de très bonne facture, bien que la voix de certains animaux puisse parfois surprendre. Tout est mis en oeuvre pour que malgré le thème un peu simpliste et revu de l'histoire, le joueur soit tout de même happé dans le monde du Majin.


  • Ensemble quoi qu'il arrive

La totalité du gameplay du titre est axée sur la dualité entre notre héros et le Majin. Si ce dernier est plutôt doué pour le combat et toute action requérant de la force, dès qu'il s'agit de se montrer discret ou agile, il devra s'en remettre au petit être humain qui l'accompagne. L'aventure se compose en grande majorité d'énigmes reposant sur l'action conjuguée des deux protagonistes afin de débloquer des passages pour progresser, entrecoupée par de nombreux combats contre les créatures maléfiques et quelques boss. Chaque zone du jeu présente un ou plusieurs puzzles à résoudre. Jamais vraiment compliqués, ils demandent cependant d'analyser minutieusement l'environnement afin d'avancer, en essayant de glaner au passage le maximum de bonus qui serviront à renforcer les aptitudes de nos deux héros. Les idées ne manquent pas à ce niveau, et il est agréable de voir que tout au long de l'aventure, les énigmes se renouvellent sans cesse pour ne jamais tomber dans la répétitivité. Si le plus souvent il s'agira d'actionner un levier pour ouvrir une porte pour permettre au Majin d'avancer, les moyens d'y accéder ne seront jamais les mêmes. Tonneaux d'explosifs pour dégager des rochers, utilisation astucieuse de l'environnement pour détourner l'attention de l'ennemi, phases d'infiltration demandant un maximum de discrétion, on ne s'ennuiera pas un seul instant et nos méninges seront toujours sollicitées sans jamais surchauffer.

Les affrontement ont le mérite de présenter également un intérêt de jeu en duo, chaque monstre possédant ses capacités propres que l'un ou l'autre personnage affrontera avec plus ou moins d'efficacité. Ainsi, le Majin n'aura pas son pareil pour envoyer valdinguer à l'autre bout du décor les monstres lents armés d'épées et de boucliers, mais demandera vite l'aide de notre héros lorsque des créatures plus petites viendront s'accrocher dans son dos pour absorber toute son énergie. Au fil de l'aventure, le Majin développera ses pouvoirs en mangeant des fruits spéciaux. Si certains d'entre eux se contenteront d'améliorer sa force ou son endurance, d'autres, plus rares, lui permettront d'apprendre de nouvelles techniques, lui permettant ainsi de paralyser ses adversaires avec de la foudre, de les brûler, ou même de les transformer en cristaux pour les rendre totalement inoffensifs. Certaines attaques combinées entre les deux héros permettent même de mettre au tapis de grands groupes d'ennemis d'un seul coup. Cependant, on déplorera que le dynamisme des combats soit entaché par une caméra un peu capricieuse, surtout dans les espaces exigus, et que le Majin ne réponde pas toujours aux ordres qu'on lui donne à une vitesse fulgurante. En effet, on ne contrôle jamais directement le Majin, mais il est possible de lui donner quelques directives à travers un menu très intuitif. Ainsi, on pourra lui demander de rester en retrait afin d'explorer une zone sans risque de se faire repérer, de s'accroupir pour monter sur son dos et atteindre des endroits en hauteur, ou encore lui dire quelles attaques lancer ou quelle cible attaquer, sans quoi il agira de son propre chef sans prendre forcément les bonnes décisions. A l'issue des combats, nos protagonistes pourront glaner de l'expérience afin d'évoluer : le plus souvent, il s'agira de points destinés au héros seul, mais en multipliant les attaques en duo, ces dernières pourront également être renforcées en faisant évoluer le niveau d'amitié des deux compères.


  • Destin

Le monde de Majin and the Forsaken Kingdom est vaste, les zones de jeu sont nombreuses et il faudra compter de nombreux allers-retours au fil de l'aventure à mesure que l'on débloquera les pouvoirs du Majin afin d'accéder à de nouveaux lieux et de nouveaux trésors. Il faut compter une moyenne d'une quinzaine d'heure en prenant son temps pour voir le bout du périple, qui ne présente pas de grande résistance, due à une difficulté peu élevée en ce qui concerne les affrontements. Seuls les boss pourront parfois donner quelques sueurs froides le temps de comprendre leur schéma d'attaque. Mais malgré tout, le système de soin des deux protagonistes laisse une grande marge d'erreur : en effet, le héros pourra à tout moment être soigné par le Majin, pour peu qu'il ne soit pas occupé à combattre des ennemis ne laissant pas une seconde de répit. Ce dernier pourra récupérer de la vie en intégralité grâce à des fruits spéciaux disséminés un peu partout dans le monde. Cependant, le Majin offre une bonne résistance et ne demandera au final que peu d'attention à ce niveau. 
En somme, on aura tôt fait de boucler le titre, regrettant qu'une aventure aussi agréable n'ait pas duré plus longtemps, la fin elle-même ayant un goût de trop peu et semblant bâclée. Constat amer en comparaison à l'affrontement final qui a bénéficié d'un soin tout particulier. Le destin du Majin avait probablement le potentiel d'offrir une conclusion plus épique, le déroulement du jeu nous contant son histoire avec une beauté et une émotion magistrales. Nombreux sont les moments où l'on sera attendri par les souvenirs du Majin, présentés sous forme de petites saynètes en papier découpé, cette grosse bestiole arrivant à renforcer sans arrêt l'attachement que l'on éprouve à son égard. Qui ne sera pas à la fois amusé et désolé lorsqu'il tombera lamentablement en essayant de courir derrière le héros, ou craquera devant ses mimiques lorsque notre héros lui présentera un fruit appétissant ?


  • Basculer ou non dans la féérie

Majin and the Forsaken Kingdom est un titre enchanteur. Cependant, pour l'apprécier, il est important de se laisser emporter par l'univers féérique du titre. Tout dépendra de l'attachement que l'on développera vis-à-vis du Majin. Sa simplicité concernant son thème et sa difficulté pourrait rebuter ceux avides d'expériences originales. Mais si la corde sensible du joueur est touchée, il ne fait aucun doute que ce jeu apparaitra comme une oeuvre merveilleuse et d'une rare poésie, qui tenterait d'être le palliatif provisoire d'un The Last Guardian que nous attendons encore. Si l'expérience ne s'était pas terminée de façon aussi abrupte, elle aurait été parfaite.


Source des screens : jeuxvideo.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire