mardi 23 octobre 2012

[Test] Majin and the Forsaken Kingdom

Majin and the Forsaken Kingdom fait partie de ces jeux peu connus dont la sortie a été injustement discrète. A mi-chemin entre un Legend of Zelda : Twilight Princess et Ico, il s'agit pourtant là d'un titre qui possède de nombreux atouts et mérite de faire un peu parler de lui. Revenons sur l'aventure de deux héros pas comme les autres.


  • Entrer dans le conte

Majin and the Forsaken Kingdom nous met dans la peau d'un héros sans nom, un jeune voleur ayant le don de parler avec les animaux, abandonné à la naissance et ayant été élevé dans la forêt par ces derniers. Alors que le monde est envahi par d'immondes créatures issues des ténèbres, nos petits compagnons des bois nous informent de la présence d'une entité gardienne capable de vaincre ce mal, enfermée au fond d'un château. C'est ici que commence l'aventure, tandis que notre héros va libérer de ses chaînes la créature qui l'accompagnera tout au long de son périple afin de sauver son pays : le Majin. Cependant, ce dernier a été dépossédé de la totalité de ses pouvoirs lorsqu'il a été capturé par les ombres. Les deux protagonistes vont alors devoir collaborer afin de restaurer la puissance du Majin et mener à bien leur quête.
La rencontre avec le Majin est le premier moment fort du jeu, qui donne également le ton de toute l'aventure. Le design de ce dernier est très particulier, et on aura tôt fait de s'attacher à l'étrange créature qui, malgré un vocabulaire assez peu fourni, montre bien vite toute la gentillesse qui émane de lui. L'univers dans lequel on évolue est lui aussi enchanteur. Si techniquement le jeu montre quelques faiblesses, le design et la palette de couleurs des environnements nous emportent au coeur d'un conte féérique. L'ambiance globale du titre est une vraie réussite, servie par une superbe OST variant entre musiques d'ambiance apaisantes lors des phases d'exploration et thèmes épiques lors des affrontements. Les doublages en VF sont de très bonne facture, bien que la voix de certains animaux puisse parfois surprendre. Tout est mis en oeuvre pour que malgré le thème un peu simpliste et revu de l'histoire, le joueur soit tout de même happé dans le monde du Majin.


  • Ensemble quoi qu'il arrive

La totalité du gameplay du titre est axée sur la dualité entre notre héros et le Majin. Si ce dernier est plutôt doué pour le combat et toute action requérant de la force, dès qu'il s'agit de se montrer discret ou agile, il devra s'en remettre au petit être humain qui l'accompagne. L'aventure se compose en grande majorité d'énigmes reposant sur l'action conjuguée des deux protagonistes afin de débloquer des passages pour progresser, entrecoupée par de nombreux combats contre les créatures maléfiques et quelques boss. Chaque zone du jeu présente un ou plusieurs puzzles à résoudre. Jamais vraiment compliqués, ils demandent cependant d'analyser minutieusement l'environnement afin d'avancer, en essayant de glaner au passage le maximum de bonus qui serviront à renforcer les aptitudes de nos deux héros. Les idées ne manquent pas à ce niveau, et il est agréable de voir que tout au long de l'aventure, les énigmes se renouvellent sans cesse pour ne jamais tomber dans la répétitivité. Si le plus souvent il s'agira d'actionner un levier pour ouvrir une porte pour permettre au Majin d'avancer, les moyens d'y accéder ne seront jamais les mêmes. Tonneaux d'explosifs pour dégager des rochers, utilisation astucieuse de l'environnement pour détourner l'attention de l'ennemi, phases d'infiltration demandant un maximum de discrétion, on ne s'ennuiera pas un seul instant et nos méninges seront toujours sollicitées sans jamais surchauffer.

Les affrontement ont le mérite de présenter également un intérêt de jeu en duo, chaque monstre possédant ses capacités propres que l'un ou l'autre personnage affrontera avec plus ou moins d'efficacité. Ainsi, le Majin n'aura pas son pareil pour envoyer valdinguer à l'autre bout du décor les monstres lents armés d'épées et de boucliers, mais demandera vite l'aide de notre héros lorsque des créatures plus petites viendront s'accrocher dans son dos pour absorber toute son énergie. Au fil de l'aventure, le Majin développera ses pouvoirs en mangeant des fruits spéciaux. Si certains d'entre eux se contenteront d'améliorer sa force ou son endurance, d'autres, plus rares, lui permettront d'apprendre de nouvelles techniques, lui permettant ainsi de paralyser ses adversaires avec de la foudre, de les brûler, ou même de les transformer en cristaux pour les rendre totalement inoffensifs. Certaines attaques combinées entre les deux héros permettent même de mettre au tapis de grands groupes d'ennemis d'un seul coup. Cependant, on déplorera que le dynamisme des combats soit entaché par une caméra un peu capricieuse, surtout dans les espaces exigus, et que le Majin ne réponde pas toujours aux ordres qu'on lui donne à une vitesse fulgurante. En effet, on ne contrôle jamais directement le Majin, mais il est possible de lui donner quelques directives à travers un menu très intuitif. Ainsi, on pourra lui demander de rester en retrait afin d'explorer une zone sans risque de se faire repérer, de s'accroupir pour monter sur son dos et atteindre des endroits en hauteur, ou encore lui dire quelles attaques lancer ou quelle cible attaquer, sans quoi il agira de son propre chef sans prendre forcément les bonnes décisions. A l'issue des combats, nos protagonistes pourront glaner de l'expérience afin d'évoluer : le plus souvent, il s'agira de points destinés au héros seul, mais en multipliant les attaques en duo, ces dernières pourront également être renforcées en faisant évoluer le niveau d'amitié des deux compères.


  • Destin

Le monde de Majin and the Forsaken Kingdom est vaste, les zones de jeu sont nombreuses et il faudra compter de nombreux allers-retours au fil de l'aventure à mesure que l'on débloquera les pouvoirs du Majin afin d'accéder à de nouveaux lieux et de nouveaux trésors. Il faut compter une moyenne d'une quinzaine d'heure en prenant son temps pour voir le bout du périple, qui ne présente pas de grande résistance, due à une difficulté peu élevée en ce qui concerne les affrontements. Seuls les boss pourront parfois donner quelques sueurs froides le temps de comprendre leur schéma d'attaque. Mais malgré tout, le système de soin des deux protagonistes laisse une grande marge d'erreur : en effet, le héros pourra à tout moment être soigné par le Majin, pour peu qu'il ne soit pas occupé à combattre des ennemis ne laissant pas une seconde de répit. Ce dernier pourra récupérer de la vie en intégralité grâce à des fruits spéciaux disséminés un peu partout dans le monde. Cependant, le Majin offre une bonne résistance et ne demandera au final que peu d'attention à ce niveau. 
En somme, on aura tôt fait de boucler le titre, regrettant qu'une aventure aussi agréable n'ait pas duré plus longtemps, la fin elle-même ayant un goût de trop peu et semblant bâclée. Constat amer en comparaison à l'affrontement final qui a bénéficié d'un soin tout particulier. Le destin du Majin avait probablement le potentiel d'offrir une conclusion plus épique, le déroulement du jeu nous contant son histoire avec une beauté et une émotion magistrales. Nombreux sont les moments où l'on sera attendri par les souvenirs du Majin, présentés sous forme de petites saynètes en papier découpé, cette grosse bestiole arrivant à renforcer sans arrêt l'attachement que l'on éprouve à son égard. Qui ne sera pas à la fois amusé et désolé lorsqu'il tombera lamentablement en essayant de courir derrière le héros, ou craquera devant ses mimiques lorsque notre héros lui présentera un fruit appétissant ?


  • Basculer ou non dans la féérie

Majin and the Forsaken Kingdom est un titre enchanteur. Cependant, pour l'apprécier, il est important de se laisser emporter par l'univers féérique du titre. Tout dépendra de l'attachement que l'on développera vis-à-vis du Majin. Sa simplicité concernant son thème et sa difficulté pourrait rebuter ceux avides d'expériences originales. Mais si la corde sensible du joueur est touchée, il ne fait aucun doute que ce jeu apparaitra comme une oeuvre merveilleuse et d'une rare poésie, qui tenterait d'être le palliatif provisoire d'un The Last Guardian que nous attendons encore. Si l'expérience ne s'était pas terminée de façon aussi abrupte, elle aurait été parfaite.


Source des screens : jeuxvideo.com

lundi 22 octobre 2012

[Test] Lollipop Chainsaw

Spécialisé dans les OVNI vidéo-ludiques, le studio Grasshopper Manufacture de Suda51 s'est fait connaitre avec ses titres phares que sont Killer 7 et No More Heroes. En 2012 débarque leur nouveau bébé : Lollipop Chainsaw. Prenez les univers si psychédéliques et tordus de Suda51, des zombies, du rock et une pompom girl sexy, mélangez le tout, et vous obtenez un titre détonant que nous allons passer en revue dès maintenant. Enclenchez votre 36ème degré !


  • Tronçonne'n'roll

Lollipop Chainsaw nous met dans la peau de Juliet, une pompom girl du lycée San Romero. L'histoire démarre en trombe alors que Juliet avait rendez-vous avec Nick, son nouveau petit copain, qu'elle comptait présenter à ses parents lors de son anniversaire. Mais ironie du sort, c'est ce jour précis que des hordes de zombies ont décidé d'envahir le campus de San Romero en mettant tout sens dessus dessous, avec à leur tête de puissants chefs zombies rockers. Fort heureusement, Juliet est à ses heures perdues chasseuse de zombies, et tant qu'à bien faire les choses, elle chasse ces derniers à la tronçonneuse, outil apparaissant très vite assez efficace pour stopper la chair putréfiée en mouvement. Ses connaissances en magie chamanique lui permettent également de sauver Nick d'une zombification certaine en transformant le pauvre garçon en tête portable qu'elle trimballera accrochée à ses fesses tout au long de l'aventure.
Et voila le décor planté. Si le jeu tente maladroitement de mettre en place un scénario qui s'avère assez anecdotique, il a le mérite de créer un fil directeur, mais ce n'est cependant pas ce dernier qui nous conduira à ne pas vouloir lâcher le pad. Non, la très grande force de Lollipop Chainsaw, c'est le fun qui s'en dégage et son ambiance. Le titre baigne dans un humour permanent, que cela soit les situations dans lesquelles les deux héros se retrouvent constamment ou bien les dialogues. En effet, le duo antagoniste est propice aux situations hilarantes, Juliet étant une fille positive, joyeuse et pour qui l'anormal semble normal, et Nick étant quant à lui la tête pensante (hoho) et rationnée qui ne cesse d'halluciner devant tout ce qui se passe. Les zombies eux-même ne manquent pas de s'adresser à nous, dans un langage somme toute assez peu élégant. Les doublages anglais sont d'excellente facture, et on ne lésine pas sur les gros mots et les allusions douteuses, certaines passant parfois même à la trappe dans les sous-titres français, faisant que le titre sera tout de même plus appréciable pour les anglophones. (la méchante mais ô combien hilarante blague sur Stephen Hawking traduite de façon totalement aléatoire en est sûrement le meilleur exemple) La BO sert également l'ambiance survoltée du titre, avec des morceaux rock et pop bien connus (Lollipop de The Chordettes ou You spin me round du groupe Dead or Alive, pour ne citer qu'eux) qui collent toujours parfaitement à l'action du moment.
Lollipop Chainsaw prend le pari de se mettre en avant avec un humour très cru, parfois gras, mais tombant toujours à point nommé. Et c'est une réussite totale sur ce plan là. Lorsqu'on sort de ce titre, la pensée qui nous reste à l'esprit est "Putain, je me suis bien marré.".


  • Sang, tripaille et petite culotte

Si Lollipop Chainsaw se base sur un gameplay simple de beat'em all construit autour de combos constitués de coups puissants et coups rapides, il a le mérite d'être très nerveux et de varier ses phases de jeu, même si beaucoup d'entre elles passent par les inévitables QTE qui parsèment 100% des jeux d'action de nos jours. L'absurdité du titre rend chaque phase de jeu plaisante, même celles répétitives. Ainsi, lorsqu'on sera en train de massacrer des tas de zombies à coup de tronçonneuse ou de pompons (Juliet est cheerleader, rappelons-le), on aura parfois l'occasion de jouer à saute-mouton avec ces derniers pour se retrouver derrière eux et leur faire connaitre l'agréable sensation d'une tronçonneuse leur traversant le corps du bas de la raie du cul jusqu'au cerveau, de faire démonstration de ses performances de pole dancing pour les éliminer tranquillement tout en profitant de la grâce de Juliet, ou même de se servir de la tête de Nick pour balancer des attaques spéciales aussi puissantes que sans aucun sens. L'aspect gore est fortement présent dans les combats, les ennemis se faisant tous immanquablement démembrer, avec mention spéciale pour les boss qui perdent plus de membres qu'il n'en est normalement permis avant de rendre l'âme.
A côté de cela, quelques phases de jeu originales viennent couper la routine des combats, faisant que le jeu, malgré sa très faible durée de vie (comptez 6 heures en moyenne pour en voir le bout), est diversifié du début à la fin. Ainsi, on se retrouvera aux commandes d'une moissonneuse qui fait preuve d'une belle efficacité pour le massacre de zombies en masse, ou encore à l'intérieur de bornes d'arcades pour jouer à des versions revisitées et très libres de Pacman, Donkey Kong ou Casse Briques. Quelques phases de run & jump s'ajoutent à cela, bien que pas toujours convaincantes question jouabilité, et on ressortira une nouvelle fois les QTE à toutes les sauces.

L'aspect plaisir des yeux n'est évidemment pas oublié, la plastique de Juliet étant mise en avant le plus souvent possible. De ce fait, tout en s'amusant, la caméra ne manquera pas de nous faire profiter de son décolleté ou bien de sa culotte (lorsqu'elle ne sera pas coincée dans un mur — la caméra, pas la culotte — mais nous y reviendrons), les cut scene entre chaque chapitre restant tout de même le must à ce niveau. On notera également une grande quantité de costumes alternatifs qui seront pour tous les goûts, avec parfois même des références à certains personnages de mangas ou de jeux vidéo bien connus.
On notera d'ailleurs que les à-côté sont nombreux. Ainsi, les joueurs avides de scoring pourront tenter de faire péter le compteur de points pour briller en haut des tableaux de classement en ligne. Les autres pourront refaire les sept niveaux en boucle pour glaner les nombreux bonus de collections, compléter leur journal de zombies, booster au max les stats et les attaques de Juliet, ou encore acheter (avec la monnaie du jeu, rassurez-vous) des vêtements ou des musiques pour personnaliser son expérience de jeu. On peut dire que malgré la courte expérience qui nous est offerte, cette dernière est tout de même assez dense si l'on mise sur sa replay value, même si une aventure bien plus longue aurait été appréciable.


  • Y'a des bouts de cadavre moisi dans ma sucette !

Parmi ses marques de fabrique, Suda51 nous a toujours habitué à quelque chose : des titres au cachet graphique très particulier, mais techniquement à la ramasse. Et c'est bien le cas de Lollipop Chainsaw. Si le titre possède une identité graphique forte avec un design vraiment très bon servi par du cell shading bien maitrisé et des menus et artworks illustrés en pop art, l'ensemble demeure carrément moche. Les personnages sauvent un peu la mise si on oublie leurs animations un peu rigides, mais à côté de ça, les décors sont incroyablement laids et les textures sont souvent grossières et indignes d'une console next gen. De ce fait, le design global du titre apparait finalement plus comme un cache misère qu'autre chose. Cependant, les environnements ont le mérite d'être clairs, le level design est propre, on sait toujours où aller, pas de confusion à signaler, et beaucoup d'éléments du décors sont destructibles, rendant l'ensemble malgré tout agréable à parcourir. On aimerait tout de même à présent plus d'efforts d'un studio qui a bien roulé sa bosse.
Et si l'on se permet d'enchainer sur les soucis techniques, on ne manquera pas de pointer le doigt sur des temps de chargement bien trop nombreux, parfois même plutôt longs, qui cassent trop le rythme du jeu. Bien que les niveaux soient très longs, il est difficile de comprendre qu'ils soient tellement hachés et qu'un chargement nous apparaisse au visage toutes les 5 minutes. Nous évoquions également plus haut la caméra qui a parfois la fâcheuse tendance à se coincer un peu n'importe où lors d'affrontements dans des endroits étriqués, le lock n'arrangeant pas toujours les choses. Bien heureusement, le gameplay du jeu permet de continuer à jouer sans trop de mal le temps que la caméra revienne à sa place, secondé par la facilité déconcertante du titre. En effet, rares sont les moments où on serrera les dents sur les affrontements, et il faudra s'en remettre au mode impossible pour voir une difficulté digne de ce nom apparaitre. Et finalement, le titre ne baigne pas dans une grande originalité : même si les phases de jeu sont variées, on nous sert du vu et revu, et on déplore que l'équipe de Suda51 n'ait pas su tirer quelques idées originales de son chapeau pour dorer le blason de son bébé.


  • Sucette à la fraise ou chair putréfiée ?

Que peut-on dire de Lollipop Chainsaw ? Le titre ne manque pas de défauts plus ou moins irritants, le pire d'entre eux étant sa durée de vie absolument ridicule. Mais l'expérience vaut le coup d'être vécue. Le titre est hilarant, son ambiance décalée est géniale et totalement maitrisée, et on ne s'ennuiera pas un seul instant aux commandes de Juliet. Son contrat de JEU vidéo est parfaitement rempli, et c'est sur ce point qu'on le saluera. Le plaisir est court mais il est présent et intense : une excellente petite sucrerie en somme. Et comme toutes les sucreries, on aurait aimé en avoir plus.


Source des screens : jeuxvideo.com

lundi 8 octobre 2012

[Test] Katawa Shoujo

Aujourd'hui, nous nous écartons un peu du jeu vidéo classique, pour s'aventurer vers un genre un peu particulier : le visual novel. Peu connu dans nos contrées mais très populaire au pays du Soleil Levant, les visual novel sont en fait des livres multimédias. Beaucoup de texte, agrémenté d'images permettant au lecteur de visualiser les personnages et lieux de l'histoire, avec parfois de faibles interactions comme par exemple des choix lors des dialogues. Ce style englobe principalement les Dating Sim, ou jeux de dragues. Katawa Shoujo se place sous ce registre, mais d'une façon toute particulière.


  • Genèse

La naissance de Katawa Shoujo a eu lieu sur 4chan, site très connu, que cela soit en bien ou en mal, surtout pour la célèbre attaque du Playstation Network en 2011 par le groupe Anonymous dont beaucoup de partisans en sont originaires. Tout a commencé sur le chan /a/, forum regroupant les mordus de mangas et d'animes. Un beau jour, un utilisateur anonyme (un Anon, dans le jargon propre à 4chan) posta une planche d'artworks d'un projet de Dating Sim d'un auteur de bishoujo (manga bourré de jeunes filles) nommé RAITA.
Un autre Anon, inspiré par la planche et plus ambitieux, proposa de concrétiser la vague idée de RAITA, et d'entreprendre la réalisation d'un jeu mettant en scène les héroïnes représentées. Il semble que sur /a/, la suggestion séduit beaucoup de monde, des forums de discussions furent créés à cet effet, et de façon très sérieuse, de nombreuses recherches d'artworks, de texte et de réalisation furent entreprises. Au terme des recherches les plus sérieuses, un groupe de travail réuni sous le nom de Four Leaf Studio prit le contrôle de la situation et commença la réalisation du jeu en été 2007.
Le 29 avril 2009, le premier acte de ce Dating Sim un peu particulier débarqua sur la toile et fut fort bien accueilli. Il fallu attendre près de deux ans et demi pour voir arriver la version complète de Katawa Shoujo début janvier 2012.


  • Sujet sensible

Katawa Shoujo est, comme cité en introduction, un Dating Sim des plus particuliers. Outre l'histoire de sa réalisation qui est inhabituelle, le sujet principal abordé par le titre à de quoi soulever de multiples interrogations. La réponse se trouve dans le titre : que signifie Katawa Shoujo ? Nous avons bien évidemment le terme shoujo, bien connu des amateurs de mangas, signifiant "fille". Quant à katawa ? Ce terme signifie "infirme", "handicapé". Ce titre a suscité quelques controverses, car assez péjoratif lors d'une traduction aussi littérale. En japonais, le mot est moins fort que de la manière dont nous pouvons interpréter les mots "infirme" ou "handicapé".
Nous y voila donc. Oui, Katawa Shoujo est un Dating Sim où les conquêtes de notre héros sont des filles handicapées. Mais avant de crier au scandale, de s'offusquer devant un sujet si grave et de préparer divers projectiles pointus à lancer sur les créateurs de ce titre, prenons le temps de nous y attarder. Car Katawa Shoujo présente des différences notables par rapport à un Dating Sim plus classique où le but final est de coucher avec la fille de ses rêves. En effet, si notre héros va effectivement à terme ne se focaliser que sur une seule des 5 protagonistes, l'aspect drague, même s'il sera présent, ne sera pas au coeur des dialogues. Et si effectivement quelques scènes déconseillées aux moins de 18 ans sont au rendez-vous, elles sont présentées de façon très soft et ne sont, encore une fois, qu'anecdotique au sein de l'histoire. Pour étayer ces propos, il semble important de parler un peu plus en détail de l'histoire et de son contexte.

Cette nouvelle très particulière met en scène l'arrivée d'un adolescent, Hisao Nakai, dans un lycée spécial conçu pour les jeunes atteint d'infirmités, après avoir été victime d'une attaque cardiaque dans son ancienne école et diagnostiqué comme atteint d'arythmie, une maladie du coeur.
Hisao, qui menait une vie normale, va donc se retrouver de but en blanc dans un univers qui lui est totalement méconnu, et où être un handicapé est quelque chose de tout à fait commun. A travers son regard, le joueur va alors partager ses états d'esprits face à des adolescents qui vont bien souvent le mettre mal à l'aise, Hisao ne portant pas de stigmates visibles de sa maladie. Le titre aborde donc ce sujet sensible qu'est le regard que les personnes bien portantes posent sur les infirmes. La qualité de la narration permet d'apporter tout cela avec légèreté, et parfois même humour et désinvolture, mais avec une force émotionnelle terriblement puissante. Une prouesse pour un titre réalisé par des amateurs avec peu de moyens.

La narration du titre est particulière et diablement intelligente. Le premier acte nous montre l'arrivée d'Hisao dans l'école, ses premiers contacts avec ce monde si particulier, et les connaissances qu'il fait avec les cinq héroïnes de l'aventure. Au terme de cet acte où de multiples choix sont à faire par le joueur lors des dialogues, l'histoire s'ouvrira sur 5 différents arcs selon les réponses, chacun étant dédié à une héroïne en particulier. De ce fait, toute la suite du jeu sera concentré sur un seul et même personnage, occultant de façon significative l'aspect Dating Sim pour mettre en avant la relation entre Hisao et la fille choisie. Chacune d'elle possède son histoire propre, abordée de façon plus ou moins dramatique, avec les touches humoristiques et émotionnelles requises pour captiver le joueur, ou plutôt le lecteur. Si quelques choix importants et parfois cornéliens seront à faire, nous serons le plus souvent simplement lecteur, faisant que le titre tient dès lors plus du livre interactif que du jeu vidéo.


  • 5 filles, 5 handicaps, 5 histoires

La force de Katawa Shoujo, outre sa qualité narrative sur laquelle nous reviendrons vite, c'est la richesse de ses personnages. Le rapport aux cinq héroïnes est incroyablement convaincant. Si au début le joueur est tout naturellement interpelé par les handicaps les caractérisant, en apprenant peu à peu à les connaître, ces premières impressions vont devenir invisibles pour laisser place à des caractères attachants. De la timidité maladive de la grande brûlée Hanako à la bonne humeur contagieuse de la petite Emi privée de ses membres inférieurs, en passant par l'esprit d'artiste totalement insondable de Rin qui semble bien vivre sa vie en l'absence de bras, il y en a pour tous les goûts à l'institut Yamaku.
Mais derrière ces adorables personnalités, des drames vont à chaque fois se profiler. Car rappelons-le, Katawa Shoujo aborde un sujet sensible, et malgré toute la légère avec laquelle cela est abordé, les handicaps des filles et même de notre héros sont de sombres spectres qui les poursuivent et à qui ils doivent faire face en permanence. Ainsi, bien souvent, il faudra affronter des situations peu enviables qui ne manqueront pas de nous serrer le coeur. Mais la récompense sera heureusement bien souvent le bonheur de voir notre héros prendre les choses en main et redonner le sourire aux jeunes demoiselles en détresse. A condition d'avoir fait les choix de dialogue judicieux en amont, sinon gare à la conclusion dramatique. Et c'est à ce moment que, même en tant que lecteur, on va se sentir impliqué en totalité dans l'histoire : le joueur n'est plus simplement les yeux de Hisao, il est Hisao lui-même. Les décisions à prendre ont des répercussions si importantes sur l'histoire que l'on ne peut que se sentir responsable quand les conséquences tombent, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. L'attachement aux personnages et au déroulement de l'histoire n'en est alors que renforcé.
Et si tout cela fait mouche, c'est grâce à la narration parfaite de l'oeuvre. Les dialogues sont très convaincants, les réactions des personnages naturelles, et il est souvent difficile d'abandonner sa lecture avant d'avoir la fin mot de l'histoire du personnage que l'on suit tant l'envie de connaitre la suite est constamment présente. Katawa Shoujo est incroyablement long, chaque scénario proposant en moyenne 8 heures de lecture. Et de la lecture très agréable et digeste, à condition de ne pas être anglophobe, le jeu n'étant pas proposé en français, bien qu'une traduction soit en projet. Un système de sauvegarde instantanée ainsi qu'une option pour passer les dialogues en grande vitesse permettent de voir toutes les issues possibles lors d'un choix, de rapidement bifurquer vers un autre scénario lors du premier acte et de revoir ses passages favoris. De vrais marques-page en somme.


  • Une réalisation soignée

Bien que Katawa Shoujo soit un projet amateur, il faut saluer le soin tout particulier apporté à l'oeuvre. Les créateurs auraient pu s'en tenir à la simple nouvelle avec quelques petits dessins ça et là. Mais que nenni, les artworks des personnages, qu'ils soient principaux ou secondaires, sont soignées et proposent plusieurs expressions faciales. Si les backgrounds ne sont souvent que de simples photos retouchées, ils permettent néanmoins de parfaitement situer les lieux de chaque action, notre imagination faisant le reste : bien qu'il soit multimédia, il s'agit d'un livre avant tout. Quelques superbes illustrations viennent agrémenter les moments forts de l'histoire, et chaque arc est introduit par une cinématique en dessin animé très convaincante.
Les musiques, pour la grande majorité jouées au piano par un talentueux compositeur nommé Nicol Armarfi, sont tout simplement sublimes. Nombre d'entre elles resteront gravées à tout jamais dans le coeur des joueurs de Katawa Shoujo, tant leur bagage émotionnel est énorme. Le travail sur l'OST est d'autant plus marquant que dans la démo, les thèmes étaient anecdotiques et tout juste passables, tandis qu'à présent, ils sont l'essence même du titre.
On notera également la présence d'une partie bonus, regroupant une galerie des différents artworks, un jukebox pour écouter les pistes à volonté, un théâtre pour revoir les scènes animées et une librairie regroupant la totalité des scènes du jeu découpées en petits chapitres, avec un pourcentage d'achèvement pour ceux désireux de ne manquer aucune miette de l'histoire.


  • Refermer le livre

Comment peut-on résumer efficacement Katawa Shoujo ? Grandiose, sublime, inoubliable. Une perle de narration. Une oeuvre d'une force émotionnelle sans précédent. L'une des créations vidéo-ludiques les plus marquantes de l'année 2012.
Peut-être le titre ne marquera pas forcément les joueurs/lecteurs gavés de japanimation et de niaiseries romantiques. D'autres feront probablement l'impasse sur le thème dérangeant des handicapés. Mais cela serait là une erreur, car Katawa Shoujo est indéniablement une merveille. On n'aime pas ce titre à moitié. Il est tellement bouleversant que l'on en ressort avec un sentiment de vide. Lorsque la dernière "page" est tournée, il est difficile de se dire qu'après ces quelques dizaines d'heures, il faut à présent dire au revoir à l'univers de l'institut Yamaku.
Un titre à découvrir de toute urgence pour ceux qui apprécient les histoires romantiques dans des contextes inhabituels. Et quand c'est gratuit, pourquoi s'en priver ?


Katawa Shoujo est téléchargeable sur : http://katawa-shoujo.com/

Source des screens : votre serviteur

samedi 6 octobre 2012

[Test] One Piece : Pirate Warriors

Les adaptations de shônen en jeux vidéo sont légions. Dragon Ball, Bleach, Naruto, tous les plus grands noms se sont retrouvés sur nos consoles, de façon plus ou moins réussie, et le plus souvent sous forme de jeux de combat. One Piece avait échappé à ce schéma unique en se retrouvant notamment sous forme de jeu d'aventure sur wii, avec cependant l'aspect fidélité à l'oeuvre originale manquant. C'est alors que One Piece : Pirate Warriors débarque sur nos PS3...


  • Un pari risqué

L'exercice semble impossible. Avec One Piece, Eiichiro Oda a créé un univers d'une richesse incroyable, avec des dizaines et des dizaines de personnages emblématiques, s'étendant à présent sur plus de 60 tomes. Comment transposer un contenu aussi dense dans un jeu en y restant le plus fidèle possible pour ne pas trahir les attentes des fans ?
One Piece : Pirate Warriors se permet quelques raccourcis et quelques oublis dans le déroulement de son aventure. Mais le joueur tolérant saura pardonner l'absence d'arcs scénaristiques tels que les îles célestes ou bien Thriller Bark, car la quasi totalité de l'histoire de One Piece, du début de l'aventure jusqu'aux retrouvailles de l'équipage du chapeau de paille après deux ans d'errance, est retranscrite. Bien évidemment, beaucoup de passages sont abrégés et résumés, mais les moments forts de la série sont présents, et incroyablement bien rendus. Le fan invétéré se prendra même à être pris de frissons ou verser quelques larmes à certains passages. Mais notons bien ceci : One Piece Pirate Warriors est un titre qui s'adresse aux fans de l'oeuvre et uniquement à eux. Les résumés entre chaque chapitre sont vraiment grossiers, certains passages étant quasiment zappés, le joueur lambda perdra extrêmement vite le fil de l'histoire, si tant est qu'il le cherche. C'est bien dommage, mais les titres à licence de ce genre sont bien souvent destinés aux seuls connaisseurs.

One Piece : Pirate Warriors utilise un genre de jeu bien particulier, et cependant assez efficace : le musou, qui caractérise les titres très connus comme les Dynatsy Warriors ou Samurai Warriors. Le principe est simple : un héros, des vagues d'ennemis gigantesques qui entrainent des batailles absolument épiques, et des prises de territoires en éliminant un certain nombre d'ennemis ou des chefs dans une zone donnée pour couper les vivres à ses adversaires. One Piece : Pirate Warriors emprunte énormément au genre, mais essaie malgré tout de varier un peu ses phases de gameplay, même si l'essence du titre réside en très grande partie dans les combats de masse.
Ainsi, on enchainera de simples courses à travers des environnements bien connus de l'univers de One Piece en éliminant quelques centaines de pirates ou marines au passage, suivies de phases de plateforme qui se présentent sous forme de QTE, puis de musou où il faudra prendre le contrôle de certaines zones pour couper les arrivées de renforts ou l'activation de techniques de certains boss, pour finalement arriver sur des combats épiques contre les protagonistes qui en veulent le plus à la vie de Luffy au chapeau de paille. Bien que les développeurs aient tenté de varier un peu le gameplay, tout n'est pas toujours réussi, et les phases de QTE deviennent très vite fatigantes car trop fréquentes et cassant le rythme du titre. Les combats sont au coeur de l'action, et même s'ils s'enchainent sans cesse, ils ont le mérite d'être nerveux et extrêmement bien rendus. Luffy possède une multitude de techniques et répond au doigt et à l'oeil, et c'est toujours un plaisir de décimer une centaine d'adversaires avec une attaque bien placée. On notera que la quasi totalité des aptitudes de Luffy sont présentes, allant même jusqu'au Gear 3 où l'on décimera avec plaisir nos adversaires avec des membres de géant avant de devenir quelques instants un Luffy minuscule et sans défenses.


  • Une mer houleuse

One Piece : Pirate Warriors souffre probablement d'un défaut majeur : il est bien trop court. Le jeu se fini en une (très) petite dizaine d'heures dans son scénario principal. On ne peut s'empêcher d'être un peu déçu en arrivant au bout de l'aventure, tant on aurait voulu qu'elle continue. Certaines batailles étant tellement bien retranscrites, comme celles d'Enies Lobby ou d'Impel Down, on ne peut que regretter de ne pas avoir droit à plus d'affrontement de cet acabit qui auraient inclus Ener, Foxy ou Moria.
Cependant, il sera possible de prolonger le plaisir des batailles en prenant le contrôle des 12 autres protagonistes qui ne font que nous accompagner dans le scénario de Luffy, bien que ces derniers aient des histoires bien moins développés et que leurs phases de jeu ne soient que des musou. Cependant, ils possèdent eux aussi leur arsenal de compétences très étoffé, en restant toujours extrêmement fidèle à l'oeuvre d'Eiichiro Oda. Le mode défi qui propose un challenge assez poussé pourra toujours contenter les acharnés, en attendant les inévitables DLC payants prévus en masse qui permettront peut-être d'ajouter les arcs manquants. Quant au reste, il se destinera aux passionnés du scoring ou des trophées, en ramassant tous les bonus disséminés dans les niveaux ou en s'occupant de faire monter l'expérience des héros pour renforcer leurs aptitudes.
Il est donc important d'adhérer totalement à l'aspect des combats, car à ce moment là on reviendra souvent avec plaisir distribuer quelques torgnoles avec son héros favori.
D'ailleurs, ce plaisir de jeu se dégage également grâce à l'ambiance du titre qui est très fidèle à l'oeuvre originale. La modélisation et l'animation des personnages est exemplaire, les mimiques de ces derniers sont parfaitement retranscrites. Il est juste dommage que les environnements n'aient pas bénéficié du même soin, et soient souvent assez vides et peu inspirés. Les éléments de décor auxquels Luffy peut s'accrocher pour progresser sont quant à eux tellement criard qu'ils jurent dans l'ensemble. Bien heureusement, nos yeux seront plus souvent concentrés sur les protagonistes présents en nombre à l'écran, et on restera ébahi par la qualité des effets de certaines attaques comme l'hydre de poison de Magellan.
La musique et les effets sonores sont au beau fixe pour leur part, parfaitement dans l'ambiance de la série, et on appréciera que chaque personnage scande le nom de ses attaques sans retenue : la présence de la totalité des doubleurs originaux est un vrai plus.


  • Bilan mitigé ?

Test plus court car l'accoutumée, car en définitive, il y a assez peu de choses à dire sur ce One Piece : Pirate Warriors. En dépit de ses défauts, il s'agit d'un très bon jeu. Bien que ne s'adressant qu'aux fans de la première heure, il saura parfaitement contenter ces derniers en leur offrant le titre le plus fidèle à l'oeuvre originale qu'il soit à l'heure actuelle. La nervosité des combats et les affrontements de boss totalement épiques justifient à eux seuls son achat. On ne peut qu'espérer que ce titre ouvre les portes à de nouvelles adaptations plus complètes et qu'un jour, nous pourrons peut-être poser les mains sur un jeu retraçant l'oeuvre complète sans omettre le moindre événement ou personnage clé. Il est toujours bon de rêver. En attendant, on passera déjà un excellent moment ici.


Source des screens : jeuxvideo.com

mercredi 3 octobre 2012

[Test] Mists of Pandaria



En préambule, notons bien que Mists of Pandaria n'est sorti que depuis une semaine au moment où ces lignes sont écrites. Il est déjà difficile en temps normal de tester de façon juste un MMO qui est en constante évolution, et ça l'est encore plus si peu de temps après la sortie de celui-ci. Ce test apparaitra donc plutôt comme une revue de ce qui est déjà disponible, et de la qualité de ce contenu.
Voila bientôt 8 ans que Word of Warcraft domine le monde du MMORPG avec ses 11 millions de joueurs. Après un Cataclysm qui a laissé un goût amer dans la bouche de nombre d'entre eux de par son contenu assez discutable, est-ce que Mists of Pandaria, le quatrième addon du titre, est en mesure de rattraper ces erreurs et relancer l'intérêt ? Quelques réponses s'offrent déjà à nous alors même que le contenu de raid pointe à peine le bout de son nez.


  • Nouveau continent, nouvelles perspectives

Alors que Cataclysm prenait place sur les continents déjà bien connu d'Azeroth, Mists of Pandaria nous offre, comme Burning Crusade et Wrath of the Lich King, un tout nouveau monde à visiter : la Pandarie.
Cachée dans les brumes depuis toujours, la protection qui entourait la Pandarie s'est dissipée, rendant l'île gigantesque visible à tous, et devenant alors un nouveau territoire à conquérir pour l'Alliance et la Horde, dont le conflit nous est de nouveau bien ramené en avant dans cette extension.
Comme son nom l'indique, la Pandarie est peuplée d'hommes-panda : les pandarens, dont la spécialité est (entre autres) les arts martiaux. Ce qui nous amène deux nouveautés majeures de cette extension : la classe de Moine et la race Pandaren qui, pour la première fois, peut faire partie de l'Alliance comme de la Horde, choix crucial fait au terme des quêtes de leur zone de départ. Nombreux sont dès lors les mauvaises langues et autres plaisantins peu inspirés qui vont pointer du doigt World of Warcraft comme plagieur de Kung Fu Panda. La référence y est, bien évidemment, et l'univers Chine impériale appuie ceci. Mais Blizzard Entertainment ne s'est pas reposé là-dessus, la preuve en est de la richesse de ce nouvel univers proposé, et dont la seule base était probablement au départ le seul clin d'oeil à la présence du pandaren Chen Brune d'Orage comme héros bonus de Warcraft 3. Le lore des Pandarens est tellement fouillé, l'histoire qui se met en place si bien contée, que ce n'est alors plus que la mauvaise foi qui peut faire dire que Mists of Pandaria est une pâle copie de l'oeuvre de Dreamworks.
En effet, l'arrivée de l'Alliance et de la Horde en Pandarie est le déclencheur d'événements qui vont faire qu'une nouvelle fois, ces derniers vont devoir s'allier contre des ennemis communs qui menacent le monde. Ici, ce sont les sha, des manifestations des ressentiments négatifs apparaissant comme des créatures d'ombre, qui surgissent en nombre lorsque les conflits éclatent. Peur, colère et haine sont ici les pires ennemis de ceux s'aventurant dans ces nouvelles contrées. En plus de cela, il faut ajouter les conflits internes à l'île entre pandarens, mogus et mantides. Blizzard Entertainment semble même nous préparer des rebondissements de taille avec une série de quêtes qui se développera tout au long de l'extension et mettant en scène la dernière progéniture vivante d'Aile-de-Mort que les voleurs en quête de leurs dagues légendaires avaient déjà rencontré lors de Cataclysm.
L'histoire n'est cette fois-ci pas concentrée sur un seul adversaire comme dans les précédentes extensions. Les menaces sont multiples, et le joueur est embarqué dans une histoire dense et intelligente aux ramifications multiples, qui se permet même un humour totalement décalé lors de nombreuses quêtes qui ne manqueront pas d'arracher des sourires et quelques éclats de rire.


  • Un voyage dépaysant

Les premières impressions lors de l'arrivée en Pandarie sont exceptionnelles. Alors que le moteur graphique de WoW est vieillissant, Blizzard parvient avec un brio inégalable, grâce à une direction artistique fabuleuse, à nous offrir des univers somptueux, fourmillant de détails, incroyablement vastes, et tout ça sans temps de chargement comme d'habitude. Les 7 nouvelles zones sont magnifiques, traverser chacune d'elles est un véritable bonheur, et le fait d'être obligé de les parcourir à pied renforce l'immersion. En effet, Blizzard corrige là un énorme défaut de Cataclysm qui était de proposer directement la monture volante, faisant que les zones étaient survolées sans prendre le temps de les apprécier. Ici, nombreuses sont les fois où l'on s'arrêtera béat devant un panorama sublime durant quelques minutes.
Il faut également saluer la modélisation et l'animation des pandarens, mais aussi de toute la nouvelle faune constituant la Pandarie. La différence avec les premières modèles des personnages du World of Warcraft original est flagrante. Bien heureusement, Blizzard projette une refonte de nos anciens héros, afin que ceux-ci bénéficient du même soin apporté aux nouvelles races depuis Cataclysm.
A cela s'ajoute une OST incroyable : d'extension en extension, l'ambiance sonore de World of Warcraft n'a cessé de s'améliorer, et nous atteignons ici des sommets. Chaque thème colle parfaitement à sa zone, de la douce mélopée qui nous accompagne dans la forêt de Jade aux résonances frissonnantes des hauteurs du mont Kun-Lai, en passant par les inquiétantes terres de l'angoisse, et tout cela en restant toujours dans cette thématique de Chine impériale. L'arrivée de nouveaux grands noms parmi les compositeurs du jeu comme Jeremy Soule (Guild Wars, Skyrim...) y est probablement pour quelque chose.
L'univers est radicalement différent de ce à quoi étaient habitués les joueurs de World of Warcraft, mais pourquoi s'en plaindre ? Lorsque les nouveautés sont d'une telle qualité, on ne peut qu'apprécier d'être totalement dépaysé. Le travail colossal sur l'univers et son ambiance est indéniable, et il ne tient qu'au joueur de l'apprécier à sa juste valeur en prenant son temps, plutôt que de faire la course au niveau 90.


  • Au pays des pandas, l'ennui n'existe pas


Qui dit nouvelle extension dit pléthore de choses à faire. Et autant dire qu'en dehors du sempiternel enchainement de quêtes pour engranger de l'expérience afin de gagner les 5 nouveaux niveaux disponibles, les nouveautés de jeu sont légion en Pandarie.
Abordons tout d'abord les changements de gameplay, qui ont suscité quelques mécontentements parmi les joueurs. En effet, les arbres de talents, qui avaient déjà été bien élagués lors du cataclysme, ont été complètement ratiboisés pour Mists of Pandaria. Au revoir les points à distribuer dans les arbres et les nombreux glyphes pour optimiser son personnage. A présent, les talents s'activent automatiquement en fonction de la spécialisation choisie. Les glyphes ne sont plus qu'au nombre de 6, et apportent au mieux un confort de jeu, sinon de simples effets qui seront là pour que le joueur personnalise un peu le visuel des attaques de son personnage. Les talents à choisir sont au nombre de 6, sur un total de 18, et sont les mêmes pour chaque spécialisation. Ici, un talent n'est pas forcément meilleur qu'un autre, chacun ayant son avantage selon telle ou telle situation. La facilité d'en changer permet dès lors au joueur de choisir les sorts les plus adaptés selon sa façon de jouer ou bien selon les rencontres. Une simplification à outrance, certes, mais intelligente. Après tout, auparavant, il ressortait de toute manière un arbre de talent optimal selon la spécialisation, et tout le monde se ressemblait du tout au tout au final. A présent, on ne s'encombre plus de futilités, et les joueurs feront leur choix tout à fait personnel quant à leurs talents spécifiques. Cependant, la façon de jouer de chaque classe n'a que peu changé au final, et les vieux joueurs retrouveront très vite leurs repères.
Les routines changent assez peu, les donjons héroïques et quêtes journalières sont toujours de la partie, mais sont plus faciles qu'à l'époque. Les donjons sont conçus pour être parcourus rapidement et avec un équipement moyen, permettant aux joueurs de récupérer aisément quelques pièces pour se préparer aux raids arrivant prochainement. Le mode défi donjon est présent pour ceux avides de sensations fortes, en proposant des instances sous chronomètre avec un équipement imposé, ou seules la technique et la cohésion de groupe permettront de sortir victorieux. On notera également le fait que les métiers soient devenus extrêmement simples à monter, les recettes demandant un peu moins de matières premières qu'à l'accoutumée, et ces dernières se trouvant en très grande abondance sur absolument tout le continent. A vrai dire, une très grande partie de l'aspect "farming" du titre est atténuée de cette manière, et ce n'est pas un mal. Passer de nombreuses heures à parcourir le monde à la recherche de plantes ou de minerais n'est pas forcément la meilleure définition de "jouer", et Blizzard nous permet de cette manière d'occuper notre temps de jeu avec quelques nouveautés sympathiques.

La plus notable est l'arrivée des combats de mascottes, désignés par la plupart des joueurs comme des combats de Pokémon, à raison, la ressemblance étant là. En effet, on retrouve l'aspect entrainement et capture de monstres, mais de façon très simplifiée. (la richesse et la complexité des jeux Pokémon n'étant plus à prouver) Nos petites créatures sont donc à présent classées par type, possèdent une petite liste de capacités offensives ou défensives, efficaces ou peu efficaces selon les adversaires, et engrangent de l'expérience au fil des combats. Ainsi, le joueur se constitue une équipe active de trois mascottes selon ses préférences, chacune ayant ses forces et ses faiblesses, et peu aller au choix attaquer d'autres mascottes dans la nature pour évoluer ou bien les capturer pour agrandir sa collection, ou alors affronter d'autres joueurs dans des combats JcJ où la technique et un zeste de chance décideront du vainqueur. Nous saluerons ici la recherche aléatoire qui calcule le niveau moyen de nos trois monstres pour trouver des adversaires équitables, et le fait que l'anonymat des joueurs soit conservé lors des combats, afin d'éviter tout dérapage. Une nouveauté vraiment sympathique qui vient agrémenter les temps d'attente lors de la recherche de donjons ou de champs de bataille.
On notera également l'arrivée du petit potager personnel. Evoluant sous la forme de quêtes journalières où il faudra se lier d'amitié avec les différents membres de la guilde des Laboureurs, notre lopin de terre nous permettra de planter divers légumes utiles pour la cuisine ou autres plantes prodiguant des objets d'artisanat plus ou moins rares. Une nouvelle fois, il ne s'agit pas d'un aspect du jeu indispensable, mais qui a le mérite de nous sortir de la routine. Mists of Pandaria nous apporte ici son lot de nouveautés que Cataclysm avait honteusement oublié.
Les deux nouveaux champs de bataille corrigent aussi le tir de leurs deux prédécesseurs cataclysmiques qui n'étaient que des copié-collé du Bassin d'Arathi et du Goulet de Chanteguerres. Ainsi, la mine d'Eclargent propose aux joueurs de s'affronter dans une mine où l'objectif est de prendre le contrôle de wagonnets avançant automatiquement sur des rails. Le contrôle reviendra à la faction ayant le plus de joueurs escortant les wagonnets, et apportant des points lorsque le véhicule arrive à bon port. Très technique, ce champ de bataille requiert une bonne coordination de groupe pour se déplacer rapidement d'un wagonnet à l'autre, et user intelligemment des aiguillages pour changer le trajet des véhicules lorsque la prise de contrôle est incertaine. Le temple de Kotmogu est quant à lui une sorte de balle au prisonnier. Quatre balles sont dispersées aux quatre coins d'une arène, et les joueurs doivent en posséder le plus grande nombre le plus longtemps possible en se plaçant au milieu de l'arène pour engranger des points. Les porteurs sont plus vulnérables aux attaques, mais également plus puissants, faisant qu'il est important de choisir qui sont les joueurs les plus indiqués pour faire les porteurs et pour défendre. La composition du groupe est primordiale dans ce champ de bataille qui requiert lui aussi plus de coordination que la normale.
Le retour des boss de raid en extérieur est également une excellente initiative, donnant de la vie au monde en proposant aux joueurs des opportunités de sortir de leurs capitales, avec parfois d'épiques joutes JcJ afin de causer la défaite de la faction opposée alors qu'elle a engagé son combat.


  • La fin du cataclysme ?

Que peut-on dire de Mists of Pandaria une semaine après sa sortie ? Et bien le contenu actuel est une excellente surprise, et nombre de défauts de Cataclysm sont corrigés. Les longues et fatigantes instances héroïques remplies de trash mobs ne sont plus, le contenu hors donjon/raid est clairement présent, la direction artistique est exceptionnelle, les nouveautés sont extrêmement nombreuses. Si le jeu a été revu pour s'adapter à un plus grand public, on ne peut que saluer le brio avec lequel cela a été fait. Les seuls qui s'en plaindront seront probablement les hardcores gamers en quête de défi et de reconnaissance. Mais après tout, il reste le mode défi et les raids héroïques pour ces derniers. Et si toutefois la barre n'est toujours pas assez haute, certains Demon's Souls ou Dark Souls attendent toujours des joueurs imprudents.

Après un Cataclysm en demi-teinte, Mists of Pandaria semble bien parti pour être une excellente extension de l'indétrônable World of Warcraft. Il ne nous reste qu'à attendre l'arrivée prochaine des raids et les mises à jours majeures pour avoir une réponse plus concrète. On ne peut que souhaiter que cela continue sur cette excellente lancée.


Source des screens : votre serviteur