lundi 22 octobre 2012

[Test] Lollipop Chainsaw

Spécialisé dans les OVNI vidéo-ludiques, le studio Grasshopper Manufacture de Suda51 s'est fait connaitre avec ses titres phares que sont Killer 7 et No More Heroes. En 2012 débarque leur nouveau bébé : Lollipop Chainsaw. Prenez les univers si psychédéliques et tordus de Suda51, des zombies, du rock et une pompom girl sexy, mélangez le tout, et vous obtenez un titre détonant que nous allons passer en revue dès maintenant. Enclenchez votre 36ème degré !


  • Tronçonne'n'roll

Lollipop Chainsaw nous met dans la peau de Juliet, une pompom girl du lycée San Romero. L'histoire démarre en trombe alors que Juliet avait rendez-vous avec Nick, son nouveau petit copain, qu'elle comptait présenter à ses parents lors de son anniversaire. Mais ironie du sort, c'est ce jour précis que des hordes de zombies ont décidé d'envahir le campus de San Romero en mettant tout sens dessus dessous, avec à leur tête de puissants chefs zombies rockers. Fort heureusement, Juliet est à ses heures perdues chasseuse de zombies, et tant qu'à bien faire les choses, elle chasse ces derniers à la tronçonneuse, outil apparaissant très vite assez efficace pour stopper la chair putréfiée en mouvement. Ses connaissances en magie chamanique lui permettent également de sauver Nick d'une zombification certaine en transformant le pauvre garçon en tête portable qu'elle trimballera accrochée à ses fesses tout au long de l'aventure.
Et voila le décor planté. Si le jeu tente maladroitement de mettre en place un scénario qui s'avère assez anecdotique, il a le mérite de créer un fil directeur, mais ce n'est cependant pas ce dernier qui nous conduira à ne pas vouloir lâcher le pad. Non, la très grande force de Lollipop Chainsaw, c'est le fun qui s'en dégage et son ambiance. Le titre baigne dans un humour permanent, que cela soit les situations dans lesquelles les deux héros se retrouvent constamment ou bien les dialogues. En effet, le duo antagoniste est propice aux situations hilarantes, Juliet étant une fille positive, joyeuse et pour qui l'anormal semble normal, et Nick étant quant à lui la tête pensante (hoho) et rationnée qui ne cesse d'halluciner devant tout ce qui se passe. Les zombies eux-même ne manquent pas de s'adresser à nous, dans un langage somme toute assez peu élégant. Les doublages anglais sont d'excellente facture, et on ne lésine pas sur les gros mots et les allusions douteuses, certaines passant parfois même à la trappe dans les sous-titres français, faisant que le titre sera tout de même plus appréciable pour les anglophones. (la méchante mais ô combien hilarante blague sur Stephen Hawking traduite de façon totalement aléatoire en est sûrement le meilleur exemple) La BO sert également l'ambiance survoltée du titre, avec des morceaux rock et pop bien connus (Lollipop de The Chordettes ou You spin me round du groupe Dead or Alive, pour ne citer qu'eux) qui collent toujours parfaitement à l'action du moment.
Lollipop Chainsaw prend le pari de se mettre en avant avec un humour très cru, parfois gras, mais tombant toujours à point nommé. Et c'est une réussite totale sur ce plan là. Lorsqu'on sort de ce titre, la pensée qui nous reste à l'esprit est "Putain, je me suis bien marré.".


  • Sang, tripaille et petite culotte

Si Lollipop Chainsaw se base sur un gameplay simple de beat'em all construit autour de combos constitués de coups puissants et coups rapides, il a le mérite d'être très nerveux et de varier ses phases de jeu, même si beaucoup d'entre elles passent par les inévitables QTE qui parsèment 100% des jeux d'action de nos jours. L'absurdité du titre rend chaque phase de jeu plaisante, même celles répétitives. Ainsi, lorsqu'on sera en train de massacrer des tas de zombies à coup de tronçonneuse ou de pompons (Juliet est cheerleader, rappelons-le), on aura parfois l'occasion de jouer à saute-mouton avec ces derniers pour se retrouver derrière eux et leur faire connaitre l'agréable sensation d'une tronçonneuse leur traversant le corps du bas de la raie du cul jusqu'au cerveau, de faire démonstration de ses performances de pole dancing pour les éliminer tranquillement tout en profitant de la grâce de Juliet, ou même de se servir de la tête de Nick pour balancer des attaques spéciales aussi puissantes que sans aucun sens. L'aspect gore est fortement présent dans les combats, les ennemis se faisant tous immanquablement démembrer, avec mention spéciale pour les boss qui perdent plus de membres qu'il n'en est normalement permis avant de rendre l'âme.
A côté de cela, quelques phases de jeu originales viennent couper la routine des combats, faisant que le jeu, malgré sa très faible durée de vie (comptez 6 heures en moyenne pour en voir le bout), est diversifié du début à la fin. Ainsi, on se retrouvera aux commandes d'une moissonneuse qui fait preuve d'une belle efficacité pour le massacre de zombies en masse, ou encore à l'intérieur de bornes d'arcades pour jouer à des versions revisitées et très libres de Pacman, Donkey Kong ou Casse Briques. Quelques phases de run & jump s'ajoutent à cela, bien que pas toujours convaincantes question jouabilité, et on ressortira une nouvelle fois les QTE à toutes les sauces.

L'aspect plaisir des yeux n'est évidemment pas oublié, la plastique de Juliet étant mise en avant le plus souvent possible. De ce fait, tout en s'amusant, la caméra ne manquera pas de nous faire profiter de son décolleté ou bien de sa culotte (lorsqu'elle ne sera pas coincée dans un mur — la caméra, pas la culotte — mais nous y reviendrons), les cut scene entre chaque chapitre restant tout de même le must à ce niveau. On notera également une grande quantité de costumes alternatifs qui seront pour tous les goûts, avec parfois même des références à certains personnages de mangas ou de jeux vidéo bien connus.
On notera d'ailleurs que les à-côté sont nombreux. Ainsi, les joueurs avides de scoring pourront tenter de faire péter le compteur de points pour briller en haut des tableaux de classement en ligne. Les autres pourront refaire les sept niveaux en boucle pour glaner les nombreux bonus de collections, compléter leur journal de zombies, booster au max les stats et les attaques de Juliet, ou encore acheter (avec la monnaie du jeu, rassurez-vous) des vêtements ou des musiques pour personnaliser son expérience de jeu. On peut dire que malgré la courte expérience qui nous est offerte, cette dernière est tout de même assez dense si l'on mise sur sa replay value, même si une aventure bien plus longue aurait été appréciable.


  • Y'a des bouts de cadavre moisi dans ma sucette !

Parmi ses marques de fabrique, Suda51 nous a toujours habitué à quelque chose : des titres au cachet graphique très particulier, mais techniquement à la ramasse. Et c'est bien le cas de Lollipop Chainsaw. Si le titre possède une identité graphique forte avec un design vraiment très bon servi par du cell shading bien maitrisé et des menus et artworks illustrés en pop art, l'ensemble demeure carrément moche. Les personnages sauvent un peu la mise si on oublie leurs animations un peu rigides, mais à côté de ça, les décors sont incroyablement laids et les textures sont souvent grossières et indignes d'une console next gen. De ce fait, le design global du titre apparait finalement plus comme un cache misère qu'autre chose. Cependant, les environnements ont le mérite d'être clairs, le level design est propre, on sait toujours où aller, pas de confusion à signaler, et beaucoup d'éléments du décors sont destructibles, rendant l'ensemble malgré tout agréable à parcourir. On aimerait tout de même à présent plus d'efforts d'un studio qui a bien roulé sa bosse.
Et si l'on se permet d'enchainer sur les soucis techniques, on ne manquera pas de pointer le doigt sur des temps de chargement bien trop nombreux, parfois même plutôt longs, qui cassent trop le rythme du jeu. Bien que les niveaux soient très longs, il est difficile de comprendre qu'ils soient tellement hachés et qu'un chargement nous apparaisse au visage toutes les 5 minutes. Nous évoquions également plus haut la caméra qui a parfois la fâcheuse tendance à se coincer un peu n'importe où lors d'affrontements dans des endroits étriqués, le lock n'arrangeant pas toujours les choses. Bien heureusement, le gameplay du jeu permet de continuer à jouer sans trop de mal le temps que la caméra revienne à sa place, secondé par la facilité déconcertante du titre. En effet, rares sont les moments où on serrera les dents sur les affrontements, et il faudra s'en remettre au mode impossible pour voir une difficulté digne de ce nom apparaitre. Et finalement, le titre ne baigne pas dans une grande originalité : même si les phases de jeu sont variées, on nous sert du vu et revu, et on déplore que l'équipe de Suda51 n'ait pas su tirer quelques idées originales de son chapeau pour dorer le blason de son bébé.


  • Sucette à la fraise ou chair putréfiée ?

Que peut-on dire de Lollipop Chainsaw ? Le titre ne manque pas de défauts plus ou moins irritants, le pire d'entre eux étant sa durée de vie absolument ridicule. Mais l'expérience vaut le coup d'être vécue. Le titre est hilarant, son ambiance décalée est géniale et totalement maitrisée, et on ne s'ennuiera pas un seul instant aux commandes de Juliet. Son contrat de JEU vidéo est parfaitement rempli, et c'est sur ce point qu'on le saluera. Le plaisir est court mais il est présent et intense : une excellente petite sucrerie en somme. Et comme toutes les sucreries, on aurait aimé en avoir plus.


Source des screens : jeuxvideo.com

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