Valkyrie Profile 2 terminé pour la première fois en cette soirée du
23 août 2012, après des années à prendre la poussière dans ma ludothèque
! Après 42 heures de jeu emplies d'une foule d'émotions allant de la
rage pure et simple à l'ébahissement total, j'ai finalement pu tirer au
clair l'impression que m'a laissé ce titre. Et l'avis est plus que
positif, malgré les coquilles qui le parsèment, Valkyrie Profile 2 est
clairement l'un des meilleurs rpg de la PS2. Captivant, exigeant,
ingénieux. Voila les trois adjectifs qui me viennent à l'esprit pour le
décrire.
Revenons sur les différents aspects d'un jeu qui mérite le détour.
- Quand les hommes défient les dieux
Le grand point fort de ce Valkyrie Profile 2, c'est
définitivement son histoire et son univers, déjà mis en place dans le
premier opus sorti en 2000 sur PS1. Reposant sur la mythologie Nordique,
l'aventure se déroule dans deux univers liés : Midgard, le monde des
hommes, et Asgard, le monde des dieux. Le tout puissant Odin règne sur
les deux mondes et y dicte ses règles, à l'aide d'artefacts assurant
l'équilibre et des Valkyries, des combattantes qui recueillent l'âme des
défunts humains pour en faire des guerriers à leur service : les
Einherjars. (à vos souhaits)
Dans Valkyrie Profile 2,
le royaume humain de Dipan décide de se rebeller contre Odin, et mène
des expériences afin de créer un nouveau monde où les humains ne
seraient plus dépendants des dieux. En parallèle, alors que la rébellion
se fomente dans le dos d'Odin, l'âme de Silmeria, l'une de ses
Valkyrie, qu'il avait enfermé dans le corps d'une humaine pour la punir
de sa désobéissance, se réveille. Tandis que la Valkyrie Hrist va tenter
de retrouver Silmeria pour la ramener au Valhalla, cette dernière va
prendre la fuite et tenter à l'aide du corps de son hôte, de prévenir le
conflit inévitable entre Midgard et Asgard si les expériences de Dipan
éclatent au grand jour.
C'est sur ce préambule que l'on
se retrouve aux commandes d'Alicia, la princesse de Dipan, qui est
l'infortunée hôtesse de Silmeria. C'est ici que je peux déjà soulever un
défaut de Valkyrie Profile 2, qui n'en est pas réellement un : il est
impossible de comprendre les tenants et aboutissants de l'histoire sans
avoir jouer au premier volet. Les histoires ne se suivent pas mais sont
carrément imbriquées l'une à l'autre. Les références au premier opus
sont nombreuses, ce qui permet au joueur nostalgique d'esquisser de
nombreux sourires quand il retrouve des personnages familiers.
Cependant,
la narration du jeu souffre du défaut d'être en dents de scie. Si les
premières heures de jeu nous plonge directement dans l'ambiance, il y a
ensuite un gros vide d'une VINGTAINE D'HEURES où l'histoire stagne
horriblement, s'embourbant dans d'interminables phases de level up, pour
finalement redécoller à la moitié du jeu pour nous offrir des
rebondissements à la pelle. Tout cela pour hélas s'essouffler
péniblement sur une fin qui manque cruellement de patate. Si l'avis peut
paraitre mitigé à ce niveau, les phases où il se passe quelque chose
sont si bien racontées qu'au final, je suis ressorti sur l'impression
que le scénario est excellent, bien que très mal rythmé.Ce syndrome des
dents de scie n'affecte pas que le scénario ceci dit.
- Trop difficile ou trop facile ?
Valkyrie Profile avait cette réputation d'être un jeu
exigeant, à la difficulté exacerbée. Le deuxième du nom semble ne pas
déroger à cette règle durant les premières heures. Je ne peux pas
énumérer le nombre de fois où j'ai hurlé devant mon écran de télé parce
que je me faisais démolir par des monstres de base, et que certains boss
me désintégraient avant que j'ai pu bouger. Deux facteurs expliquent
cela :
- jeu Tri Ace oblige, le level up est un passage
obligatoire et récurent dans Valkyrie Profile 2. Fort heureusement, le
système de combat dynamique, ainsi que quelques subtilités de gameplay
dans les donjons permettent de rendre la tâche plutôt rapide, la
condition étant d'espacer les phases de farming afin de ne pas sombrer
dans une monotonie infâme. Entrer dans une nouvelle zone en n'ayant pas
le niveau est synonyme de mort.
- le système de combat reprend les
bases du premier opus (un bouton associé à chacun des quatre
personnages de l'équipe pour lancer leurs attaques) en ajoutant une
dimension de combat semi-temps réel dans des arènes en 3D. Il est très
difficile à maîtriser, et je ne compte pas les fois où j'ai coincé mes
personnages dans le décor ou mal coordonné mes attaques, offrant alors à
mes adversaires de multiples opportunités de me ruiner. De plus, les
boss ont tous des stratégies qui leurs sont propres, et parfois le temps
d'assimiler ce qu'il faut faire, on a la moitié de son équipe au tapis.
Cependant,
une fois quelques niveaux pris, et le système de combat maitrisé, tout
semble aller beaucoup mieux, et ce qui était une véritable sinécure
devient un parcours de santé, avec quelques embûches ça et là certes,
mais rien de bien méchant. Arrivé à une vingtaine d'heures, la
difficulté était passée à mon sens de très difficile à bien dosée.
Mais
j'ai par la suite eu l'occasion grâce à quelques subtilités de me
procurer des armes incroyablement puissantes, bien plus fortes que ce
que l'on peut même obtenir dans le donjon final. A partir de ce moment,
j'ai fait tous les combats du jeu, boss compris, en mode boucherie sans
réfléchir. Mon équipement était devenu si puissant que toute la deuxième
moitié du jeu ne représentait plus aucun challenge. C'était amusant de
détruire absolument tout le monde, douce vengeance après des heures de
souffrance, mais au final, le challenge manquait.
Et
tout ce chemin pour arriver sur un boss final à l'IA douteuse, tellement
facile à berner que l'on peut le faire sans prendre le moindre pet de
dégâts, donnant un final avec un goût de trop peu.
Valkyrie
Profile 2 est à la fois difficile et facile, tout tenant de la capacité
à assimiler le système de combat et bien appréhender les phases où le
level up et la chasse à l'équipement sont nécessaires.
- Mille et une choses à faire. Ou à farmer ?
Comme tout bon rpg de chez Tri Ace, Valkyrie Profile 2
offre un nombre très dense de quêtes annexes à réaliser. De la chasse
aux composants pour forger de l'équipement en passant par des donjons
casse-tête, une chose est sûre, on ne s'ennuie pas un instant en dehors
des sentiers battus de l'histoire principale. A condition d'accepter de
concéder quelques heures à ces diverses tâches.
Le
système de forge, qui découle des spécificités du système de combat, est
très bien pensé : il requiert de récolter différents composants sur des
monstres du jeu, et ensuite d'aller vendre (et non pas donner) ces
derniers aux marchands afin de créer de puissants objets. L'intérêt de
ce petit détail est de se faire de l'argent grâce aux composants vendus
afin de financer la création d'objet. Mais là où se situe le principal
intérêt est la façon dont sont obtenus ces objets divers et variés. Un
même monstre peut détenir plusieurs composants différents. Prenons par
exemple un oiseau qui peut laisser tomber sa queue, ses ailes ou son
bec. Ce qui déterminera l'objet obtenu, c'est la façon dont le monstre
sera démembré. Et effet, chaque coup porté par les héros est susceptible
de détacher une partie du corps de l'adversaire. Sur notre oiseau, si
un coup détache sa queue, on a une chance de récupérer celle-ci. Il en
ira de même pour les autres parties du corps. On devra donc réfléchir,
lors des combats, quels composants nous intéressent, et porter les
attaques adéquates pour couper là où ça fait mal. Sans compter le côté
pratique de ces démembrement. Un squelette privé de ses jambes n'aura
plus la possibilité d'attaquer et se contentera de ramper au sol.
Ces
composants ont une autre utilité : l'apprentissage des compétences, qui
représente lui aussi une grosse partie du jeu. Extrêmement long, il
requiert de choisir avec soin quels talents focaliser lorsque plusieurs
s'offrent à nous. Chaque pièce d'équipement et chaque composant
(assimilés à des accessoires) comportent des runes, dont il existe une
quinzaine de sortes et trois couleurs. En faisant des associations
spécifiques en les équipant, on peut apprendre des techniques, qui vont
du gain d'expérience augmenté au champ de force absorbant les dégâts.
Ces techniques sont déterminantes dans l'issue des combats, et bien
choisir lesquelles apprendre et lesquelles équiper sont la clé de la
victoire.
A côté de ceci, d'autres éléments influent
sur les statistiques des héros, mais aussi des monstres : les
orbes-sceaux. Ce système est à mon sens le plus intéressant de Valkyrie
Profile 2, car il rend beaucoup de donjons intéressants à parcourir, en
demandant des allers-retour pour débloquer des passages et influer sur
les statistiques de tous les protagonistes à l'écran.
Ces orbes
possèdent différents effets : défense réduite de moitié, effets des
soins doublés, perte de pv constante durant les combats... Elles peuvent
affecter soit les ennemis, soit les alliés. Si les héros les portent,
l'effet sera appliqué sur l'équipe. Si l'orbe est posé sur un des autels
dispersés dans les donjons, ses effets seront répercutés sur les
ennemis dans les zones aux alentours de l'autel. Les orbes sont liés aux
donjons, c'est à dire que l'on ne trouvera pas les mêmes d'un antre à
l'autre. Cependant, il est possible d'acheter ces orbes contre de
précieux cristaux obtenus lors des combats pour pouvoir les transporter
là où le désire. Tout le parcours des donjons repose donc sur le gestion
des orbes. Au début, les orbes seront toujours positionnés de façon à
avantager les ennemis, et le premier objectif sera toujours de repérer
les autels afin de déplacer les orbes à son avantage. Un système
terriblement efficace, surtout dans les derniers donjons du jeu qui
deviennent dès lors très agréable à parcourir car ils demandent beaucoup
de réflexion.
Si tous ces systèmes sont très bien
pensés, ils présentent tous le même défaut : que ça soit l'acquisition
de composants, l'apprentissage des compétences ou la collecte de
cristaux pour acheter les orbes, tous demandent des heures et des heures
de combat à tuer des ennemis en boucle pour tout récupérer. Outre le
côté lassant que cela peut représenter, si on fait cela en mode
boucherie comme je l'ai fait, la crampe arrive vite, vu la nervosité des
combats. J'ai encore mal.
- Des yeux et des oreilles comblées
Valkyrie Profile 2 est un jeu de fin de vie de PS2. Et il
rend honneur à cette brave console en affichant des graphismes
absolument somptueux. Les décors sont d'une beauté à tomber par terre,
et les environnements sont bourrés de détails. Si la modélisation des
personnages est à la hauteur, l'animation lors des cut scene est elle
aussi digne de ce que sait faire Tri Ace : c'est à dire pitoyable. Les
personnages bougent mal, ils semblent figés et manquent cruellement de
vie. Le pire étant la lipsync qui ne colle mais alors pas du tout. Les
lèvres bougent aléatoirement lors des dialogues, ce qui m'a laissé
penser que même avec les voix japonaises, les mouvements ne doivent pas
coller. Il est vraiment dommage d'être immergé dans des environnements
somptueux, et être sorti de cette douce torpeur par une cut scene où les
héros font pitié à voir.
Je passerai sur l'animation d'Alicia, la
pauvre doit probablement être atteinte d'une grave maladie figeant la
totalité de son corps hormis ses bras et ses jambes lorsqu'elle marche.
Il faut tout de même supporter cela durant tout le jeu.
Concernant
l'OST, Motoi Sakuraba signe ici un travail exceptionnel. Ce compositeur
est l'un de mes préférés avec Nobuo Uematsu et Yoko Shimomura. A mon
sens, il s'agit ici des meilleurs pistes qu'il ait faite sur un jeu avec
celles de Valkyrie Profile 1 et Eternal Sonata. Son style génial
variant entre le symphonique et le rock colle parfaitement à l'ambiance
du titre, et est digne du premier opus. Il est juste dommage que
certaines musiques ne se fassent entendre qu'une seule fois durant tout
le jeu. (Celestial Troupe est LA piste qui aurait du faire office de
musique de combat, au lieu de n'apparaitre que pour un boss...)
- En conclusion ?
Valkyrie
Profile 2 est un jeu qui ne saura se montrer pleinement qu'aux
acharnés. Affichant une multitude de défauts, une difficulté
décourageante durant les premières heures de jeu, un scénario difficile à
appréhender, il est facile d'en décrocher. C'est d'ailleurs ce qui
m'est arrivé il y a quelques années après l'avoir acheté.
Mais
après avoir insisté, j'ai découvert un jeu extrêmement riche, profond,
avec des personnages incroyablement intéressants, une histoire complexe à
mettre en relation avec Valkyrie Profile 1. La condition est d'aimer le
style Tri Ace qui demande beaucoup d'heures de combat pour profiter à
fond des systèmes et se sentir devenir surpuissant à terme. J'aime cela,
j'adhère.
Un jeu qui ne plaira pas à tout le monde, ce qui est
bien dommage, car il s'agit là d'un des tout meilleur titre de la PS2.
Au final, seule une question restera en suspens en attendant un éventuel
Valkyrie Profile 3 : pourquoi la Valkyrie rit ?
Source des screens : jeuxvideo.com
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